Depuis la crise financière de 2008, les politiques monétaires des grandes puissances économiques ont pris une tournure inédite. Les banques centrales ont inondé les marchés de liquidités, abaissé les taux d’intérêt à des niveaux historiquement bas et mis en place des programmes massifs d’achat d’actifs. Ces mesures d’urgence étaient censées relancer l’économie et prévenir une dépression mondiale. Mais aujourd’hui, plus de dix ans après le début de cette politique monétaire non conventionnelle, on peut légitimement se demander si les remèdes n’ont pas fini par devenir pires que le mal.
Keynes et Schumpeter revisités
John Maynard Keynes et Joseph Schumpeter, deux des plus grands économistes du XXe siècle, avaient des visions différentes de l’économie et des politiques macroéconomiques à adopter en temps de crise. Pour Keynes, l’Etat devait jouer un rôle actif pour stimuler la demande effective et maintenir une croissance soutenue. Schumpeter, quant à lui, mettait l’accent sur l’innovation et la destruction créatrice comme moteurs du progrès économique.
Aujourd’hui, face à une économie mondiale fragilisée par l’endettement excessif, la montée des inégalités et les risques environnementaux, il semble que ni l’approche keynésienne ni celle schumpétérienne ne soient pleinement adaptées. Les politiques monétaires ultra-accommodantes mises en place depuis la crise de 2008 ont eu des effets pervers et ont contribué à créer de nouvelles bulles spéculatives, à gonfler les dettes publiques et à creuser les inégalités.
La fin de la neutralité monétaire
Les banques centrales, en jouant un rôle de plus en plus prépondérant dans l’économie, se sont retrouvées prises au piège de leur propre logique. En voulant éviter à tout prix la déflation et relancer la croissance, elles ont été contraintes de repousser toujours plus loin les limites de leurs interventions. Aujourd’hui, la notion de neutralité monétaire, chère à l’économie classique, semble bel et bien révolue.
Les taux d’intérêt négatifs, les achats massifs d’actifs financiers et les opérations de refinancement à long terme sont devenus la nouvelle norme. Cette situation inédite pose des défis considérables pour les banques centrales, qui voient leur marge de manœuvre se réduire et leur capacité à réagir à de nouvelles crises s’amenuiser.
Vers un monde post-keynésien
Face à ce constat, il est temps de repenser notre approche de la politique monétaire et de l’intervention de l’Etat dans l’économie. Il ne s’agit pas de renier les enseignements de Keynes ou de Schumpeter, mais bien de les adapter à un monde en mutation rapide, marqué par l’innovation technologique, la mondialisation des échanges et les défis environnementaux.
Il est urgent de trouver un nouvel équilibre entre l’intervention de l’Etat et le dynamisme des marchés, entre la régulation et l’innovation. Il est temps de réveiller l’esprit de Keynes et Schumpeter pour imaginer un nouveau paradigme économique, plus durable, plus inclusif et plus résilient.
En conclusion, les politiques monétaires ultra-accommodantes mises en place depuis la crise de 2008 ont mis à mal les principes de neutralité monétaire et ont créé de nouveaux risques pour l’économie mondiale. Il est temps de repenser notre approche de la politique monétaire et de l’intervention de l’Etat dans l’économie pour construire un modèle plus adapté aux défis du XXIe siècle.
Keynes et Schumpeter, réveillez-vous, ils sont devenus fous… Il est temps de retrouver l’esprit visionnaire de ces grands économistes pour inventer un avenir plus juste, plus prospère et plus durable pour tous.